L’Ayurveda le dit depuis plus de 5 000 ans: notre santé dépend de notre capacité à digérer ! Notre feu digestif, appelé Agni en sanskrit, est ainsi considéré comme notre « feu de guérison », notre « force transformatrice ». De sa force dépend notre métabolisme et notre immunité !
Agni est le feu qui transforme en énergie tout aliment, mais aussi toute sensation, suscitées dans le corps. Il a aussi pour fonction de bien absorber les nutriments et de les utiliser afin de nourrir les tissus (dhatus, en sanskrit). Agni permet en effet au corps d’utiliser les 5 éléments présents dans les aliments, d’en extraire les nutriments et de les transformer en éléments corporels.
Si l’Ayurveda insiste sur le rôle d’agni au niveau physiologique et psychologique, c’est qu’il est considéré comme le fondement de la santé physique. Et pour cause, la digestion ne concerne pas uniquement ce que l’on met dans notre bouche. On digère absolument tout: ce que l’on goute, mange, ce que l’on voit, entend, hume, touche.
Pour la médecine ayurvedique, l’homme doit impérativement comprendre l’interaction constante entre son cerveau et son appareil digestif, entre ses pensées, ses émotions, sa personnalité, sa constitution, et les effets-conséquences sur sa digestion.
Agni agit sur le bol alimentaire liquéfié. Il a pour rôle de séparer les déchets des aliments (kitta), de leur partie pure, et d’aider le corps à les éliminer de manière optimale.
C’est Agni qui permet le travail de transformation, puis d’absorption des aliments dans l’organisme. Lorsque l’Agni d’une personne est bon, tous les aliments digérés qui ne sont pas utiles au corps sont éliminés via les 3 voies (malas): par les urines, les selles et la sueur.
Lorsqu’Agni est suffisant, il prévient l’accumulation des toxines (ama, en sanskrit), la digestion se passe sans encombre, sans désagréments, les sens sont clairs et aiguisés.
Lorsqu’il est insuffisant ou perturbé, il induit l’accumulation d’Ama, provoquant alors affaiblissement, lourdeur, ballonnements, confusion et perturbation du mental et des perceptions.
Les différents états d’Agni:
- Sama Agni: activité normale avec une digestion en moyenne de 3 heures
- Vishama Agni: activité irrégulière se caractérisant par une capacité digestive et un appétit irréguliers.
- Tikshna Agni: activité excessive se caractérisant par une sensation de faim permanente et une digestion en 2H
- Manda Agni: sous-activité se caractérisant par une assimilation lente (4H et plus), faible, ainsi qu’une sensation de faim quasi inexistante.
Ainsi, lorsque notre corps est sous tension, le stress génèré va réduire la circulation des enzymes digestifs, qui a leur tour vont ralentir la digestion, l’absorption, et créer des toxines dans l’appareil digestif. De la même manière, une mauvaise élimination va conduire à un état toxique des intestins, qui risque alors de propager ces mêmes toxines au reste du corps.
Dans la tradition ayurvedique, Ama est le produit de notre mode de vie, de notre digestion, régime alimentaire, environnement et stabilité émotionnelle. « Lorsque sa quantité gêne le fonctionnement de l’organisme, la personne présente les symptômes suivants (en partie ou en totalité): sensations de lourdeur et, plus précisément, au niveau du coeur, difficulté à se lever le matin, besoin constant de s’étirer, inflammations denses, somnolences, fainéantise, difficultés à digérer (mandagni), fièvre, fatigue intellectuelle, haleine, sueur et selles très odorantes, soif et miction excessives, mucosités dans la gorge et ventre dur. » (« Alimentation et santé selon l’Ayurveda », par Joyce Villaume-Le Don. Editions Dangles)
Si ama est produit pendant longtemps, il risque de quitter l’appareil digestif, de passer dans une autre zone faible du corps et de s’y installer, causant alors des problèmes de santé chroniques, à commencer par l’affaiblissement de notre système immunitaire et prédisposant aux maladies auto-immunes.
Selon Joyce Villaume-Le Don: « Ama ne peut pas être évacué du corps sous peine d’endommager les dhatus (tissus) et canaux encrassés. Il peut seulement être converti en molécules utilisables par Agni. Aussi, aucune cure de detoxination, panchakarma compris, ne pourra enlever l’ama du corps. La seule solution est d’augmenter les agni défectueux et, en particulier, jatharagni. Le jeune partiel, une alimentation légère ainsi qu’une bonne activité physique sont les meilleurs moyens de revitaliser Agni et de convertir l’ana en tissu sain. » (voir « Alimentation et santé selon l’Ayurveda »).
En suivant un régime alimentaire sain et en menant une vie harmonieuse, on peut éviter l’accumulation de toxines. L’Ayurveda conseille quelques règles de conduite applicables à tout un chacun:
- debuter la journée par un massage à l’huile (abhyanga) afin d’éliminer les toxines et stimuler l’intelligence naturelle du corps
- suivre un régime alimentaire saisonnier du respecte le rythme des saisons, des saveurs et accord avec votre constitution
- pratiquer de l’exercice régulièrement, passer du temps dans la nature, se promener au soleil et à l’air pur
- éviter les toxines type pesticides, alcool et tabac
- éviter les repas lourds, surchargés en matières grasses ou sucrées
- boire régulièrement des infusions d’épices ou de l’eau chaude à petites gorgées
- avoir un sommeil approprié, du repos, de la relaxation et du temps réservé à la réflexion
- nourrir des relations affectueuses dans la tolérance et abandonner la colère et la critique