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De plus en plus de personnes se posent des questions sur le gluten. Des germeurs de graines aux mangeurs de fast food, tout le monde a entendu parler du gluten et de ses effets sur la santé. C’est ce qu’on appelle un sujet à fort potentiel charismatique. 

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Le « sans gluten » est devenu un enjeu commercial et sanitaire majeur. En France le marché est passé de 35 à 78 millions d’euros entre 2013 et 2014. Dans le monde, on estime qu’en 2020 il représentera 3 milliards d’euros de chiffre d’affaire[1]. Impressionnant.

Certains détracteurs du « sans gluten » considèrent que c’est une « mode »[2] et qu’elle est populaire parce que les gens n’ont pas vraiment besoin de changer leur alimentation pour manger sans gluten. Ils garderaient la même alimentation qu’auparavant, transformée et consumériste, tout en pensant se faire du bien parce que le produit est estampillé « sans gluten ».

D’un autre côté, on entend des personnes sincèrement conquises par les effets d’une alimentation sans gluten sur leur santé. Qui n’ont plus de problèmes digestifs, dermatologiques ou même psychologiques suite à l’élimination du gluten de leur assiette. Peut-on nier leur état de bien être ?

Face à toutes ces questions, il est normal de se demander : et moi, dans tout ça, qu’est-ce que je fais?Est-ce que je dois arrêter le gluten ? Est-ce que c’est une mode sans fondements ? Avec cet article, mon intention est de vous informer de manière claire sur ce qu’est le gluten et qu’est-ce que l’Ayurveda, la médecine que je pratique, pense de son impact sur la santé.

LE GLUTEN

Le gluten, pour faire simple, est une protéine. Une protéine plutôt difficile à digérer. Elle est présente, dans certaines céréales, depuis la naissance de l’agriculture il y a 10,000 ans.

Et depuis 10,000 ans, ce n’est pas un secret, notre agriculture a changé. Les céréales ont été modifiées pour s’adapter à nos besoins et nos envies. Par exemple, pour faire du pain plus « vaporeux ». Le gluten rend la farine panifiable, en rendant la pâte à pain une fois pétrie plus élastique[3]. Résultat : un pain moins compact. Ce qui explique, entre autres, pourquoi le blé moderne contient plus de gluten que le blé ancestral. Ou encore, la modification des céréales pour les rendre plus résilientes aux aléas climatiques. C’était l’objectif prétendu derrière la création du « blé hexapoïde » à 42 chromosomes[4] né de l’hybridation du blé dur et d’une plante herbacée. Bref, le blé moderne que nous mangeons aujourd’hui et que certains appellent « blé mutant » est un blé créé par l’Homme dans les années 60 après des centaines d’hybridations et de croisements entre différentes espèces.

Qu’est-ce qu’il est important de savoir?

  • Personne n’a besoin de gluten pour survivre.
  • Mais à la fois, le gluten est une protéine qui a toujours été présente dans les céréales que l’Homme consomme.
  • La question du gluten est une façon détournée de parler de la question de notre agriculture et du rapport des Hommes à la production agricole. Est-ce qu’un blé doit vraiment être modifié pour résister aux aléas climatiques ? Ou est-ce que cette plante n’est pas plutôt fragilisée face aux aléas climatiques parce que nous avons progressivement détruit la qualité des sols (sous l’effet des engrais chimiques et du labourage[5]) ?

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LE GLUTEN AU QUOTIDIEN

Voici la classification proposée par Julien Venesson[6] pour savoir dans quels aliments se trouve le gluten.

Où se trouve le gluten?

LE GLUTEN ET MOI

Dans le cas du gluten, 3 catégories ont été créées pour décrire les relations de chacun par rapport à cette protéine. Il y a :

  • Les allergiques : il est hors de question qu’ils en consomment car leur vie est en péril,
  • Les intolérants : leur corps réagirait à la consommation du gluten en se défendant (par la création d’anticorps) ce qui participerait à créer des maladies, la plus connue étant la maladie cœliaque. Cette maladie auto-immune est déclenchée par une intolérance permanente au gluten, détruisant les villosités de l’intestin grêle et entraînant une absorption déficiente des nutriments.
  • Les sensibles : pas de maladies mais des symptômes de gêne suite à la consommation de gluten.

QUELLES MALADIES ?

On associe une longue liste de déséquilibres à l’intolérance ou à la sensibilité au gluten : maladies auto immunes (quand votre corps se retourne contre vous-même), déséquilibres digestifs (diarrhée, ballonnements, gastro cyclique, acidité gastrique, côlon irritable, etc.), problèmes de peau, dépressions, maux de tête, etc.

L’AYURVEDA ET LE GLUTEN

Il existe de nombreux sites, experts, compagnies alimentaires qui pourront vous donner des informations encore plus complètes, alarmantes ou non alarmantes, sur le sujet. Mon rôle ici, n’est pas de parler en long et en large du gluten, mais des éclairages que l’Ayurveda apporte à cette question. L’Ayurveda est une science millénaire et holistique qui approche l’Homme et sa santé comme un ensemble.

1. «  Le bonheur est largement une question de digestion » Proverbe ayurvédique

En Ayurveda, notre champion incontesté est avant tout et par-dessus tout : la digestion. Vous êtes ce que vous pouvez digérer et assimiler. Et au-delà de l’alimentation, nous pouvons même dire que la vie toute entière est une digestion ! Nous sommes constamment entrain d’absorber des éléments du monde extérieur (aliments, idées, contenus, créations artistiques, présence de personnes), de les digérer et de les assimiler  (un aliment devient notre corps, une idée devient une habitude de vie qu’on incorpore à son quotidien, un contenu nous fait réfléchir, une peinture nous inspire, une personne nous fait avancer, etc.).

Notre capacité à incorporer ces éléments extérieurs et à les faire nôtres, dans l’équilibre et la joie, est une marque de santé durable.

Pour l’Ayurveda, la première question à se poser est : pourquoi est-ce que je n’ai pas le feu digestif nécessaire pour digérer le gluten ? On retourne la question. On ne cherche plus à diaboliser le gluten mais à regarder à l’intérieur de nous-mêmes. Et de notre feu digestif (Agni).

2. Agni, mon chéri

Si notre feu digestif est faible (Agni), nous allons nous sentir mieux en éliminant le gluten. Car le gluten est difficile à digérer et notre Agni n’est pas optimal.

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Deux choix se présentent à nous : réduire ou éliminer les aliments qui sont complexes à digérer ou rétablir un feu digestif fort et équilibré.

Tant que notre feu digestif sera faible, la consommation (ponctuelle ou régulière) de gluten risque de créer tous les problèmes digestifs que je citais plus haut (diarrhée, ballonnements, gastro cyclique, acidité gastrique, côlon irritable, etc.). Car ces protéines difficiles à digérer, ne vont pas pouvoir être correctement assimilées par un système digestif fébrile. Elles risquent de passer dans la lymphe et créer une congestion du système lymphatique. Hors ce système est chargé de faire circuler les nutriments dans le corps, participer à la détoxification ou encore permettre la circulation des globules blancs qui créent une réponse rapide et ciblée du système immunitaire.

Vous voyez le schéma qui se met en place lorsque la lymphe ne fonctionne pas de manière optimale : maladie, fatigue, déséquilibre, léthargie, douleurs.

Si vous ne digérez pas bien le gluten, il y a de fortes chances pour que vous ne digériez pas bien d’autres aliments. Ou que vous ne puissiez pas éliminer naturellement certains métaux lourds qui font partie de notre environnement. Il est temps de comprendre et cultiver un feu digestif fort.

3. Le gluten ne devrait pas être mangé toute l’année

La saisonnalité joue également un rôle majeur dans la problématique du gluten. La nature nous nourrit de façon rythmique, sage et diversifiée. A partir du moment où nous avons cru dans le bonheur par l’abondance et que nous avons fait le choix de cuisines remplies des mêmes aliments tout au long de l’année, nous nous sommes déconnectés des cycles de la nature et de la médecine naturelle apportée par des aliments de saison.

Avant l’hybridation des céréales et leur agriculture intensive, la moisson des céréales comme le blé (qui contient du gluten) avait lieu en automne. Leur consommation durait le temps d’écoulement des stocks: en automne et en hiver. Pourquoi ? Dans le cas des céréales riches en gluten, elles répondent à un besoin caractéristique de l’automne et de l’hiver : des aliments lourds, compacts, isolants, nourrissants. Une offrande de la nature parfaitement adaptée à nos besoins, quand le temps est froid, sec et que les journées sont courtes.

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Aujourd’hui, toutes les céréales sont disponibles toute l’année. Et si chaque matin vous mangez des biscottes, vous achetez une baguette blanche chez votre boulanger, vous goûtez des gâteaux et des biscuits, et vous déjeunez des pâtes ou des pizzas, vous êtes entrain de manger du gluten  24h/24 et 7j/7. Si les cycles de la nature étaient respectés, cette surconsommation de gluten serait impossible.

Reconnectez vous aux cycles de production et de moisson de la nature.

4. La saisonnalité n’est pas sexy

C’est vrai ! Quand on décide de ne plus manger de gluten on peut rester dans la même logique de consommation et d’abondance. On change de marques, on essaye de nouvelles recettes, c’est créatif, c’est nouveau, mais on consomme tout le reste de la même façon. La saisonnalité nous demande de consommer différemment. Moins. De façon plus consciente. D’une façon qui peut sembler plus restreinte au départ. Vous fermez la porte à certains aliments mais vous ouvrez la porte à d’autres variétés que vous aviez oubliées. L’apparente sensation de restriction se transforme en abondance qui fait sens.

5. Gluten ou pas gluten, là n’est pas la (seule) question

Que vous décidiez de manger ou pas du gluten, c’est votre droit. Et contrairement à d’autres aliments (comme les produits laitiers), votre choix ne va pas avoir une influence capitale sur la qualité des ressources naturelles ou la déforestation en Amazonie. Donc, c’est un choix encore plus personnel :)

Quel que soit votre choix, l’Ayurveda nous propose cette ligne directrice:

  • Diversifier notre consommation de céréales,
  • Prioriser la consommation de riz biologique complet ou semi complet,
  • Réduire ou éliminer notre consommation de blé pendant le printemps et l’été,
  • Rétablir un feu digestif fort, comme priorité numéro une.

Et nous invite à questionner des aspects de notre société à travers le prisme du gluten, comme :

  • notre modèle agricole intensif et chimique,
  • notre obsession pour l’abondance de choix,
  • notre déconnexion à la nature et à ses rythmes,
  • notre façon de nous asseoir pour manger chaque jour.

QUELQUES CONSEILS POUR UNE MEILLEURE CAPACITÉ DIGESTIVE

Et pour finir sur une touche pro-active, voici quelques conseils pour rééduquer votre feu digestif :

  • Réduisez les aliments transformés et augmentez les aliments bruts que vous consommez. Quand on entend « aliment transformé » on pense souvent à des aliments particulièrement néfastes par lesquels on se sent peu concerné. Mais tous les aliments qui ne sont pas un seul ingrédient, obtenu tel quel, brut, dans la nature, sont des aliments transformés. Un bol de myrtilles est un aliment brut, une confiture de myrtilles est un aliment transformé.

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  • Faites confiance à la nature et à la fraicheur. Quand vous faites des courses, observez quelle est la part d’aliments qui viennent dans des boites, des sachets et des bocaux et quelle est la part d’aliments qui est vivante et va commencer à dépérir en quelques heures/jours seulement. Visez la déperdition :)
  • La digestion est une question de sécrétions (salivaires, pancréatiques, etc.) et de mécanique. Dès que vous commencez à stimuler vos sens et déposer un aliment – aussi minuscule soit il – sur votre palais, la digestion est lancée. C’est comme un interrupteur. Actuellement, nous passons notre temps à l’éteindre et l’allumer frénétiquement entre le petit déjeuner, la pomme croquée en arrivant au travail, les amandes grignotées à 11 heures, les repas, les goûters, les apéritifs, les tisanes et les envies du soir. Cette incapacité à ne rien manger pendant de longues périodes et à ne pas grignoter en sortant de table est une des principales causes de notre dérèglement digestif.
  • Une cure de probiotiques annuelle ou trimestrielle peut vous aider à rétablir un équilibre de la flore intestinale permettant de mieux digérer des protéines comme le gluten tout en protégeant la perméabilité de votre barrière intestinale[7].
  • Enfin, invisible mais essentiel: changer notre attitude face à l’acte de manger. Considérer que le repas est un moment qui se suffit à lui-même. Il a besoin de notre vue, notre ouïe, notre toucher, notre présence. Dès qu’on profite du repas pour faire autre chose en même temps (regarder une vidéo, parler abondamment, lire un livre, appeler quelqu’un, regarder dans le vide en étant complètement absorbé par ses pensées) nous déplaçons notre attention ailleurs et par conséquence nous diminuons notre capacité à digérer ce repas. Cette façon de manger est symptomatique d’une société où il faut « courir après le temps » et être « productif » ou « diverti » à tout instant. Vous n’avez pas à être productif ou créatif quand vous mangez ! Accordez-vous des moments de silence et de vide. Vous avez mérité votre repas, asseyez-vous et dégustez le en pleine conscience :)

 

Références

[1] Le boum des aliments sans gluten – http://www.lefigaro.fr/conso/2015/03/01/05007-20150301ARTFIG00045-le-boum-des-aliments-sans-gluten.php

[2] How to become gluten intolerant https://www.youtube.com/watch?v=Oht9AEq1798

[3] « La fabricatio chromospn du pain » Oldu – Risque et résilience

[4] Gluten. Comment le blé moderne nous intoxique de Julien Venesson

[5] Claude Bourguignon – Microbiologie des sols https://www.youtube.com/watch?v=VS10A0vQ_tc&feature=youtu.be

[6] « Gluten – Comment le blé moderne nous intoxique »

[7] De Angelis M, Rizzello CG, Fasano A, et al. VSL#3 probiotic preparation has the capacity to hydrolyze gliadin polypeptides responsible for Celiac Sprue. Biochem Biophys Acta. 2006; 1762(1): 80-93

http://www.lepalaissavant.fr/le-gluten-et-layurveda/

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