Skip to main content

 

photo Joyce-Armanda

 

Il n’est jamais trop tard pour changer de vie. Joyce Villaume-Le don et Armanda Dos Santos ont sauté le pas et ont entamé une reconversion professionnelle radicale. Rencontre.

 

1. Quel a été votre parcours avant votre reconversion ?

Joyce Villaume-Le don : J’ai fait mes études dans un IUT de publicité à Bordeaux. J’ai de suite été engagée dans une grosse agence après mes études. J’avais un poste de stratégie qui vise en l’occurrence à analyser les comportements des consommateurs. J’ai rapidement progressé et eu d’importantes responsabilités, comme la charge de la gestion d’un budget publicitaire de près d’un million d’euros, en l’occurrence pour des marques automobiles.
J’ai travaillé sur des campagnes pour la France et l’Europe. Tout ceci était grisant. J’ai eu des appels du pied d’agences concurrentes jusqu’à une évolution de conscience qui a révolutionné ma vie. C’est là que je me suis tournée vers l’Ayurveda.

Armanda Dos Santos : Après mon bac j’ai suivi des études de droit, puis, je me suis orientée vers une école de journalisme. Après mes études, je suis en tant que jeune reporter en Israël et en Palestine. C’est concrètement « sur le terrain » que je débute dans la vie professionnelle. De retour en France, j’ai été confrontée au début de la crise dans la presse écrite. Je décide alors de m’installer à Jersey et je me rapproche de la BBC locale et de leur style très british. Après cette expérience, je rentre à Paris. J’anime et produis une émission culturelle sur une radio indépendante, tout en travaillant à la production et réalisation de reportages culturels pour MTV avec une maison de production française.
C’est alors que je suis contactée par une chaine d’information en continu et embauchée. La suite de ma carrière de journaliste se passe alors à la télé.

2. Quel a été l’élément déclencheur de votre reconversion ? Qu’est ce qui vous permis de sauter le pas ?

Joyce : Lorsque j’étais à Bordeaux, je vivais en colocation avec une jeune étudiante en médecine. De part cette influence, j’ai beaucoup lu sur la psychologie et sur les médecines parallèles, d’autant que mon frère était très malade. J’ai donc baigné dans l’univers médical et paramédical ce qui m’a permis d’avoir très tôt une grande conscience de l’importance d’avoir un corps sain et d’être en pleine santé. Un premier élément déclencheur de mon changement de vie, du monde de la publicité vers « autre chose » que je ne nommais pas à l’époque, a été ma pratique du yoga et de la méditation. Je pratiquais pour me sentir mieux. Mais plus je pratiquais plus mal je me sentais. C’était dû, je l’ai compris après, à mon manque d’alignement dans ma vie. Je n’étais pas dans mon dharma (« but de la vie »). Par clairaudience, j’ai entendu à plusieurs reprises d’aller apprendre l’Ayurvéda. Je n’avais qu’un livre à ce sujet. Cependant, j’ai poursuivi dans le monde de la publicité. Jusqu’en février 2007, où s’est produit l’autre élément : une expérience de mort imminente aussi appelée NDE. A ce moment, le changement était inévitable. J’ai écouté l’appel et je me suis plongée entièrement dans l’Ayurveda.

Armanda : L’élément déclencheur a été ma dernière opération du genou. J’ai eu un cancer du tibia en 1997 et je porte une prothèse totale du genou depuis. Au cours des années on s’est aperçu que je faisais un rejet à ma prothèse et que la médecine allopathique ne pouvait rien pour moi dans le long terme, sauf peut-être envisager l’amputation. C’est comme ca que je découvre l’Ayurveda, que je décide de suivre une formation pour apprendre à m’auto soigner, en complément de mon travail. Diplôme en poche et convaincue de l’efficacité de cette médecine, je négocie une rupture conventionnelle avec mon employeur.

 

3. Avez-vous été formées avant de vous lancer dans votre nouvelle activité ?

Joyce : oui, bien sûr. J’ai d’abord fait un stage de 3 jours chez Védicare en France. Je demande ensuite à Claire Lalève, qui est la fondatrice de Védicare, un contact indien pour apprendre l’Ayurveda. Elle me donne celui du Docteur Marda qui lui fournissait ses produits. Je me mets en relation avec lui et il accepte de m’enseigner et m’accueillir chez lui à Puna, sans m’avoir jamais rencontré. C’est la fluidité du chemin de vie. Je pars un an et demi étudier dans sa clinique ayurvédique. J’étudie avec le Dr Marda, ou sans lui avec les textes Sanskrit et j’applique ce savoir sur place dans la clinique. Je travaille de 7h30 à 23h tous les jours du lundi du dimanche une permission un dimanche sur quatre. Je suis à la fois élève et assistante. Je suis si plongée dans le grand bain que je m’en rends malade. Etant d’un profil Pitta Pur, par ma force de travail, j’arrive rapidement à des résultats et à une vive compréhension de cette médecine. Je retourne en France en 2009.

Armanda : Aujourd’hui, je mets en pratique ce que j’ai appris au travers de consultations et de l’enseignement. Je dois dire que dans la situation de crise qu’on traverse, je suis chanceuse d’avoir pu me reconvertir « clés en main », avec un poste d’enseignante dans une des seules écoles d’Ayurveda en France, et des patients réguliers. J’ai néanmoins envie de compléter mes acquis avant de me lancer en tant qu’auto entrepreneur. J’envisage notamment de compléter ma formation dans une université ayurvédique en Inde, et de suivre des enseignements en soins énergétiques cet été.

 

4. Comment avez-vous trouvé un job/ une activité professionnelle libérale dans votre reconversion ?

Joyce : Ma reconversion a été facilitée dans le sens où je suis sur mon chemin de vie donc la fluidité est là. Par contre, il y a tout de même des étapes difficiles. La 1ere étant mon retour d’Inde. Pour trouver ma clientèle et me faire un réseau, j’ai énormément travaillé et je puise dans ma grande force de travail pour arriver à des résultats. Toujours en tant que Pitta, je ne supporte pas la hiérarchie surtout de personnes qui ne sont pas toujours plus compétent que moi. Ce rapport injuste ne me convient pas, c’était déjà le cas lorsque je travaillais en tant qu’employé. La vie m’a aussi apprise que je ne devais pas m’associer. A mon retour de Pune, j’ai ouvert un cabinet à Charenton qui m’a coûté cher. J’y ai perdu de l’argent mais plus positivement c’est à ce moment que j’ai développé mon réseau notamment à l’international. Cela m’a permis de faire une étude comparative de l’Ayurveda entre la France et le reste de l’Europe. C’est vraiment en pratiquant sur Paris, que mon activité a commencé à marcher. Mon évolution professionnelle est en relation directe avec mon évolution personnelle. En mai 2010, je sors mon 1er livre, disponible dans toutes les FNAC : « Alimentation et Santé selon l’Ayurvéda ». Je créé aussi le « Café Ayurvéda » avec Aurélie Cros. De fil en aiguilles, avec toutes mes activités, je suis demandée pour faire des conférences en France et en Europe. Le but c’est vraiment d’aider à ce que l’Ayurveda ait un statut similaire à celui de la médecine chinoise en France. Avec Laurent Cortès, lors d’un salon, on se rend compte qu’il n’y a pas de véritable école de Ayurvéda. Donc entre novembre 2010 et Juillet 2011, nous travaillons pour nous créer l’Institut Français de l’Ayurvéda, un enseignement ayurvédique académique de l’Ayurvéda. L’école ouvre en septembre 2011 et fermera début 2013. J’ai de suite enchaîné un mois et demi après cette fermeture avec la création de « Ayurvéda et Consciences » qui correspondant beaucoup plus à mon état d’être actuel. J’ai pris conscience que soigner par le corps et la psychologie n’était pas suffisant. C’est pourquoi j’ai fondé cette nouvelle structure. En Inde, j’ai eu une formation très médicale, en revenant en France je me suis approprié à ma manière l’Ayurvéda et j’ai pris conscience de ce qui signifie vraiment « Science sans conscience n’est qu’une ruine de l’âme ».
Je suis aussi maître Reiki, médium, je pratique la magie blanche. Toutes ces pratiques sont au service de l’Ayurvéda qui a pour but de vivre en bonne santé mais la véritable finalité est l’augmentation de la Conscience pour ceux qui le souhaitent.

Armanda : Ma reconversion a été largement facilitée par le fait d’être sur la même longueur d’onde que la personne qui m’a formée et soignée, Joyce Villaume Le Don, et qui m’a proposé d’intégrer son école. Ses enseignements et conseils, en tant que professionnelle dans ce domaine, m’ont été très précieux et m’ont permise de ne pas perdre de temps dans mes recherches d’emploi, d’être tout de suite opérationnelle et de me faire connaitre du milieu.

 

5. Quelle est la différence entre vos anciennes activités et celle qui vous exercez aujourd’hui ?

Joyce : Je dirai que c’est chemin vers plus d’ETRE. Dans la publicité, j’étais bloquée dans l’égo.
On a vite fait de voir ses campagnes dans le métro, à la télévision, d’être invité à des soirées de prestiges, etc. Pour exercer ce métier, il y a beaucoup de jeux de manipulation, de pouvoir à exercer sur les uns et l’autre. La vie d’entreprise c’est souvent un théâtre où l’on rejoue sa vie, où on est infantilisé. L’Ayurvéda c’est tout le contraire. Je vis au jour le jour, je suis libre. Cela peut faire peur : « quels seront les revenus demain… » etc. Ce parcours de liberté, révèle ses failles, on est obligé d’être vrai. On récolte directement ce que l’on sème. C’est un apprentissage au jour le jour. C’est être adulte et responsable.

Armanda : Mes anciennes activités (les medias) étaient surtout réfléchies vers la course au scoop, à l’exclusivité, le chiffre. L’info était devenue une entreprise et n’avait plus grand chose à avoir avec le code d’éthique qu’on vous rabâche en école de journalisme. Aujourd’hui j’ai réappris à vivre sur un rythme plus posé et à me concentrer sur l’Etre et comment améliorer la santé physique et psychologique de mes patients.

6. Pensez-vous vous y retrouver financièrement ?

Joyce : Pour ma part, j’ai pioché dans mes économies lors de mon année et demi en Inde. La vie étant peu cher surtout en 2008, j’ai pu vivre avec moins de 500 euros par mois. J’ai été licenciée et donc retour en France j’avais les Assedic pendant 10 mois. Grâce à cela, j’ai pu donc me lancer dans l’Ayurvéda à 100%, d’autant qu’avoir une clientèle demande du temps. J’ai eu en suite un gros contrat qui m’a permis de vivre en tant que formatrice en Ayuvéda pendant un an, le tout payé par une entreprise. Ce n’est pas dans mon karma de beaucoup manquer en finance, je peux dire qu’à ce jour, je gagne autant que dans mon ancienne vie (sans y soustraire les charges de mon statut libéral) mais je pense avoir la possibilité de doubler mon salaire d’ici quelques temps. Il ne s’agit pas de gagner de l’argent pour en accumuler. Il faut avoir conscience qu’il est difficile d’aider les gens si on est soi même dans le besoin matériel mais aussi émotionnel etc. C’est pourquoi, il est essentiel de travailler sur soi pour être thérapeute. Je conseille à tout ceux qui veulent se lancer dans l’Ayurvéda de prendre un double emploi… pour ma part ce n’était pas dans mon chemin de vie d’avoir deux jobs… il se peut que ce soit votre cas mais autrement faites une transition entre votre ancienne activité et l’Ayurvéda. Et, commencez dès que possible à devenir formateur en accord avec votre niveau.

Armanda : Je pense que dans toute reconversion, y a toujours une période de flottement, et je suis précisément dans une transition de « réglage », dans laquelle je cherche encore à définir mon/mes terrain(s) d’action, entre « journalisme ayurvédique », thérapeute et formatrice. Il me faut encore réfléchir à quel domaine je choisi de privilégier (même si je compte exercer les 3); et puis j’ai envie de compléter mes acquis en Inde et de me former à des techniques de soins spécifiques, avant de me lancer en tant que professionnelle. Ceci implique, pour revenir à ta question, que pendant un an, mon « choix » est, délibérément, de vivre avec un moindre apport financier, et de privilégier la formation, afin que mon offre, en tant que professionnelle en Ayurvéda, soit optimum.

 

Propos recueillis par Ludivine Leborgne, le 23 juillet 2013

 

 

Leave a Reply